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Amplificateur Philips 22AH-578

1°) Présentation générale :

le 22AH-578 est un amplificateur appartenant à la gamme PHILIPS Hight Fidelity Laboratories et qui fut produit entre 1978 et 1979. L'origine exacte de cet appareil n'est pas très claire, mais il est très peu probable que cet appareil ait été dessiné par des ingénieurs de chez Philips, à l'appui de ceci on peut lister les points suivants :

- le transformateur de puissance est badgé "Magnavox" (le nom est "caché" par du feutre noir),

 

- en 1974 Philips achète la compagnie américaine Magnavox (laquelle fabrique de puis très longtemps du matériel électronique civil et militaire), sans doute pour prendre pied aux USA et pouvoir en particulier diffuser son futur Laser Disc sous un nom américain,

- le schéma n'utilise pas les symboles électronique habituellement utilisés par les équipe de Philips,

- tous les semi-conducteurs ont des références codées, chose qu'on ne trouve pas dans les schémas Philips fabriqués dans les années 1975-1985 (par ex l'amplificateur intégré 22RH551 ou tous les lecteurs de CD fabriqués à partir de 1982),

- l'organisation  générale de l'appareil ne fait pas penser à du Philips, mais bien plus à une société qui aurait fait des appareils à tubes pendant très longtemps (ce qui était le cas de Magnavox).

Le 22AH-578 était dsiponible en deux livrées : argent (22AH-578) et noir (22AH-5781) il était associé à un préampli (22AH-572 / 22AH-5721).

L'appareil ne possède que deux entrées (une pour chaque voie), le volume de chaque canal est réglable séparément (par deux boutons volume), il y a une fonction filtre subsonic.

Les caractéristiques constructeur sont les suivantes :
Puissance max : 210W sous 8ohms (BP : 20 à 20kHz)

BP à +/-0,5dB : 10Hz-30kHz

DHT max à 210W/8ohms : 0,08%

IMD (SMPTE) à 210W/8ohms : 0,08%

SNR : 100dB

Sensibilité : 1V

Dimensions : 200x357x281mm

Poids : 28,6kg

 

2°) Conception :

a) partie mécanique :

elle est de très bonne qualité : un chassis électrozingué supportant latéralement les radiateurs et sur lequel viennent se fixer face avant, arrière et capot inférieur. Le haut est fermé par une grille qui se fixe sur les radiateurs, les faces avant et arrière.

On retrouve une disposition classique des appareils à tubes légèrement modifiés pour les montages à PCB et transistors (cf AU-999 de Sansui) : transfo fixé en central sur le chassis en face sup, gros condo également en face sup, connecteurs pour insertion des PCB également en face sup. En face inf. : des composants montés en l'air (façon tube), et un câblage important.

La façade est en aluminium, les boutons aussi, à noter que l'accessibilité du PCB de façade n'est pas terrible.

b) Partie électronique :

l'appareil étant prévu pour fonctionner avec le préamplificateur 22AH-572, il ne possède qu'une entrée de type RCA par voie. Le signal attaque alors directement les deux potentiomètres de volume (idépendants l'un de l'autre), ensuite il passe par le filtre subsonic (actif ou non grâce à un FET), puis par un AOP adaptateur d'impédance. Le signal va alors sur la platine d'amplification, il passe d'abord par un filtre passe-bas, puis un AOP (IC201) qui réalise la CR de l'ampli en statique (R205) et en dynamique (R204/C203 R216/C210). Ensuite on attaque deux ampli faibles signaux en emetteur commun polarisés classe A (Q201+203 et Q202+204), puis Q208 et 209, la différence de polarisation induit une différence de fonctionnement : Q208 est en classe A, Q209 en classe B, ceci permet de réaliser la fonction déphasage à 180° indispensable puisque l'étage de sortie utilise une configuration non complémentaire : tous les transistors de puissance (Q210 à 217)sont des NPN. On note au passage que Q210 et Q211 sont en fait le premier transistor de trois darlington, l'émetteur étant relié aux bases de trois transistors sur chacune des branches du push-pull.

Deux transitors Q206 et 207 assurent la protection en intensité de l'étage final. Enfin Q205 réalise la polarisation de Q208 et Q209 selon un montage très classique en multiplicateur de Vbe avec un réglage du courant de repos par modulation de la ddp sur la base via R220.

La partie alimentation est très classique avec deux ponts de puissance et quatre condensateurs de filtrage (dont deux de 15000µF/85V) par canal.

On note aussi l'existance de commande par touche sensistive avec voyant de contrôle par LED, ce qui à l'époque n'était pas simple à mettre en oeuvre vu l'inexistance de circuit intégré spécialisé dans ce type de fonction (genre SAS580). Les touches permettent la mise en service et l'arrêt, la commande du filtre subsonic et le choix de l'échelle de visualisation des vu-mètres.

Le circuit de protection en CC (et en thermique) est assez classique aussi mais comporte tout de même un point très mal fait : à l'extinction de l'appareil, un relais met les sorties des deux étages de puissance à la masse. A la mise en route, le relais bascule immédiatement connectant les étages de sortie aux bornes des HP (via un sélecteur puisqu'il est possible de brancher deux paires d'HP). Si les contacts sont en bon état il n'y a pas de pb, si un contact est collé, alors la sortie de l'étage de puissance se retrouve à la mase et là vu la puissance en jeu, la piste qui relie le relais à la masse sur le PCB de protection fait fusible et fond! C'est ce qui s'est passé sur l'appareil ici restauré. Il est possible de faire une petite modification de façon à éviter ce type de pb. On peut s'étonner de cette mise à la masse des étages de puissance, la seule explication est qu'une tension apparaît à l'extinction (elle est facile à visualiser sur un voltmètre) et que si l'étage restait en contact avec les HP, elle passerait dans ceux-ci... on peut pourtant objecter qu'il existe deux autres relais qui coupent la liaison avec les HP... oui mais cette tension persiste assez longtemps (une dizaine de secondes), si elle n'était pas éliminée par mise à la masse et que l'ampli était réalimenté très vite alors elle passerait dans les HP.

 

3°) Problèmes à la réception :

Suite à un problème de relais collé, les transistors de puissance d'origine (355N1) ont été changés (mise en place de MJ15022), depuis les transistors d'une des deux cartes drivers sautent systématiquement à la mise en route (le propriétaire a déjà tenté des réparations).

 

4°) Recherche des causes et dépannage :

La première étape va consister à refaire des cartes driver avec des composants de qualité et ayant des caractéristiques compatibles avec le schéma : tous les sc ont des références propres à l'appareil Philips, il faut donc les démonter, relever les caractéristiques (en particulier le gain), calculer les tensions et ampérages, estimer la Ft, puis chercher des équivalents dispo.

Certains composants passifs vont aussi être remplacés de façon à obtenir deux cartes parfaitement identiques. Le côté cuivre sera protégé par du vernis.

Malheureusement lors des essais à 10W pour un sinus de 10kHz, les  deux cartes vont sauter simultanément avec une destruction d'un grand nombre de transistors (y compris des transistors de puissance MJ15022). Passée la surprise, l'analyse fine montre que les MJ15022 sont très des faux, et que se sont eux qui ont entraîné l'apparition des tous premiers problèmes ainsi que la destruction des cartes lors de l'essai. Ceci sera confirmé par la réfection des deux cartes driver avec des composants identiques mais travaillant avec deux 355N1 de récupération montés en premier élément des darlington de puissance et six MJ15022 d'origine certaine. Au final l'appareil sera restauré avec que des 355N1 sur une voie et deux 355N1 + six MJ15022 sur l'autre... et ceci sans qu'aucune différence ne soit constatée entre les deux voies.

La deuxième étape va consister à rendre sûre la mise à la masse des étages d'amplification lors de l'extinction de l'appareil.

La conception générale est très bonne pour l'époque : les PCB sont de bonne qualité avec une bonne sérigraphie, le schéma est bien pensé, l'alimentation fortement surdimensionnée (cause en grande partie des très bonnes performances de cet amplificateur), les PCB sont montés sur des gros connecteurs et les transistors de puissance reliés aux cartes eux aussi par de gros connecteurs. Les composants sont de qualité (Nichicon pour les condo). On trouve beaucoup de remarques sur le Web concernant le câblage qui serait de mauvaise qualité... c'est totalement injustifié : les fils sont de très gros diamètre, les masses bien faites, les blindage idem.

 

5°) Le dépannage en images :

Les deux cartes driver refaites côté composants.

Et côté cuivre après vernissage.

La carte de protection s'enlève facilement (elle est enfichée sur deux rangées de picots), on voit très bien sur l'image ci-dessus la piste qui relie la masse aux contacts du relais, et surtout la zone qui a fondue (entourée en rouge).

La réparation/modification va consister à rétablir la continuité de la piste et à modifier un peu le PCB pour éviter la mise à la masse directe.

 

Carte de protection réparée mais non modifiée..

 

La carte étant déposée il a été facile de dessouder le relais ayant collé pour refaire le contact qui était resté collé (cerclé en rouge).

La façade après un bon nettoyage (elle était plus que sale!!). Son démontage n'est pas évident.

Vu du dessous du châssis, on voit très bien les deux ponts de puissance, le transfo de veille et sur les côtés les radiateurs des transistors de puissance.

Vue supérieure, grille du dessus enlevée, et sans les cartes driver et de protection. oN voit très bien les connecteurs, les quatre condo de filtrage et l'énorme transfo qui doit bien faire dans les 15kg à lui seul (on remarque le coup de feutre destiné à caché la marque "MAGNAVOX").

 

6°) Essais :

a) DHT et SNR à 60W RMS sous 8ohms

 

Fréquence (kHz)

DHT (%)

SNR (dB)

1

0,041

107

5

0,054

107

10

0,073

107

20

0,113

107

 

 

b) IMD (SMPTE) :

- à 20W : 0,035%

- à 60W : 0,026%

 

c) Spectres associés :

d) Bande passante et SlewRate :

- la BP à 3dB est de 20kHz

- le SlewRate est de 1,6V/µs

- spectres associés :

Au final on a donc de très bons résultats, surtout pour un appareil de cette époque. On remarque en particulier l'IMD et la DHT qui restent très faibles à la puissance déjà élevée de 60W RMS/8ohms.

 

7°) Bilan :

Voilà un très très bon amplificateur de puissance, bien construit (à l'exception de la mise à la masse directe des étages de puissance), avec une excellente réserve de puissance. Il n'a qu'un défaut (et qui pèse en maintenance) : son poids!

 

8°) Statut :

Restitué à son propriétaire.

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Informations ici