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1°) Présentation générale :
ADCOM est une société américaine qui fabrique des appareils HiFi depuis les années 80. Le GFA-535 II est une évolution du GFA-535, un amplificateur de puissance double mono de 2x60W sous 8 ohms, il a été fabriqué entre 1990 et 1995 et était alors vendu au prix de 400dollards US.

Trois points meritent absolument d'être signalés à propos d'ADCOM :

- ADCOM donne toujours l'intégralité de ses schémas

- ADCOM donne toujours une explication du fonctionnement des schémas

- ADCOM donne toujours des mesures sans aucune fioritures avec les conditions de test parfaitement claires et des courbes réalisées sur des bancs Audio Précision (soit la crême de la crême en matière de banc de test BF).

Données constructeur :

- Puissance : 60 WRMS continuous / 8ohms, 20Hz-20 kHz, DHT < 0,04%

- DIM (SMPTE) : < 0,05%, 1-60 WRMS / 8ohms

- THD + bruit (60 WRMS / 8ohms) :

20 Hz : 0,01%

1 kHz : 0,008%

10 kHz : 0,015%

20 kHz : 0,02%

- BP : 10 Hz-20 kHz +0 ; -0,25 dB (1W / 8 ohms)

- Powerbandwidth : 1,7 Hz - 100 kHz (-3 dB)

- SNR : >110 dB (A weighted, 60 WRMS : 8 ohms)

- Sensibilité : 0,97 V (60 WRMS / 8ohms)

- Temps de montée : 2,2 µs (signal carré, 70 V càc, 5 kHz 20-80%)

- SlewRate : 19 V/µs (d'après temps de montée)

- Consommation : 240 VA (60 WRMS / 8ohms)

- Dimensions : 86 x 432 x 317 (mm)

- Masse : 8,9 kg

Voilà exactement les données techniques que tout constructeur sérieux de HiFi devrait donner : ici pas de blabla subjectif, de grandes phrases ampoulées... juste des courbes et des nombres avec des conditions de mesure parfaitement spécifiées. Avec ça on peut vraiment comparer objectivement des appareils. Force est de constater qu'on est très loin de ce référentiel, surtout dans les marques dites "de très haut de gamme" et plus ou moins ésotériques.

a) Partie mécanique :

chassis entièrement en acier peint noir, façade et arrière en aluminium anodisé noir rapportés sur la base. Les circuits sont fixés via des entretoises acier vissées sur le fond du boîtier. C'est bien fait et solide.

La face avant est très minimaliste avec un quasi aspect de matériel pour milieu industriel.

b) Partie électronique :

c'est un amplificateur de puissance donc sans aucun réglages. Les entrées sont au standard RCA/CHINCH, les sorties (pour une paire d'enceintes) sont à fiches bananes ou à fils vissés.

Le principe général de l'étage d'amplification est classique : push pull classe AB avec trois paires complémentaires en sortie pilotées en configuration darlington, amplification en tension en classe A, paire d'entrée différentielle, générateur de courants simples chargeant la paire différentielle et les transistors travaillant en classe A, la polarisation de l'étage final est réalisé par un classique multiplicateur de Vbe au niveau duquel se trouve l'ajustement du bias. Un condensateur en entrée évite que l'ampli ne passe le continu. On trouve cependant plusieurs particularités :

- beaucoup de réseaux R-C de stabilisation et de limitation de la BP de façon à avoir un appareil très stable,

- un thermocontact met l'appareil en sécurité en cas de dépassement de la température maximale des radiateurs, avec une LED en façade (thermal protection),

- si un des deux rails d'alimentation passe à 0V (par exemple du fait d'un fusible qui saute), l'appareil se met également en sécurité (la LED thermal protection s'allume),

- un AOP surveille la présence de continu en sortie et ajuste le niveau d'entrée en fonction, c'est en fait un ajustement dynamique de l'offset du montage,

- un petit système à base de transistor fonctionnant en commutation sur seuil indique l'apparition de distortion liée à un trop fort niveau en entrée,

- la configuration retenue impose un isolement strict entre masse HP et masse entrée. Ceci est important à bien retenir en cas de chaîne mesure utilisant des appareils dont la masse est commune via la terre par exemple.

La partie alimentation est très classique avec pont et filtrage par capa, il y a deux alimentations totalement indépendantes avec donc deux transfo, deux ponts et quatre condensateurs de filtrage des tensions destinées à l'étage de puissance. La basse tension nécessaire pour l'AOP est obtenue par résistance de chute à partir de la tension d'alimentation étage puissance.

Un point négatif mérite d'être souligné : il n'y a aucune protection des HP en cas de mise en CC d'un ou de plusieurs transistors de sortie!

2°) Problèmes à la réception :

- l'appareil est très poussiéreux et sale,

- il émet un bourdonnement important,

- une révision complète est demandée par son propriétaire.

3°) Recherche des causes et dépannage :

- compte tenu de l'ancienneté, un recapage complet sera fait, plusieurs soudures reprises.

- Un circuit soft start et protection des enceintes en cas de présence de courant continu en sortie sera mis en place (kit Weleman K4700).

- Le bordonnement vient d'un des deux transformateurs, heureusement ce n'est pas le circuit magnétique qui est en cause, mais simplement le système de fixation. Il faudra tout de même défaire le cerclage, enlever l'ancien vernis, remettre de la colle légèrement souple aux bons endroits ainsi que du vernis neuf ; finalement le cerclage sera refermé et ressoudé par deux points.

4°) Le dépannage en images :

Une des deux cartes amplificatrices.

Pointés en verts : les condensateurs chimiques neufs.

Pointé en jaune : le condensateur polyester (MKT) d'entrée.

Pointé en violet : l'AOP de suveillande de l'offset.

Les composants sont tous de très bonne qualité, les pistes tiennent bien à l'époxy et la sérigraphie est claire.

On voit très bien l'interrupteur thermique en haut à gauche sur le radiateur.

Le châssis après démontage de tous les éléments, de toute évidence l'appreil a séjourné en milieu humide, certains composants présentaient d'ailleurs des traces d'oxydation (ils ont été changés).

Face arrière après nettoyage.

Face avant après nettoyage. La sérigraphie est un peu usée au dessus de l'interrupteur Off/ON.

Une fois la plaque de base nettoyée et percée, on peut mettre en place le circuit de protection et  soft-start. Pointés :

- en vert : les deux relais de commutation des sorties HP,

- en rouge : le petit transfo d'ailmentation à partir du 240V.

Tous les éléments sont progressivement remis en place après changement des composants fatigués.

Pointés en vert les condensateurs neufs.

Cerclés en bleu la platine de sélection du voltage primaire des transfos (on le passera à du 240V).

Cerclé en violet le circuit soft-start / protection enceintes.

On aperçoit devant les connecteurs des LED de façade.

La réparation du transformateur bruyant :

les deux transfo sont des classiques EI (circuit magnétique soudé!), à bas profil, impossibles à trouver en neuf ou d'occasion. Il était également impossible de monter des toriques du fait de la place restreinte à l'intérieur du boîtier. Il faut donc réparer le transformateur

Le bruit est généré par la vibration du circuit magnétique (pointé en rouge) au contact de la plaque de fixation (pointée en vert). En service la plaque vient sur le circuit magnétique et est cerclé sur ce dernier grâce à un ruban de fer plié sur deux tours (pointé en violet). La fermeture du ruban est réalisé par deux points de soudure par point.

On voit très bien sur le circuit magnétique un peu de vernis qui adhère encore.

Pour ouvrir le ruban il faut donc dépointer le ruban, ce qui ne peut se faire que grâce à un foret à dépointer ou une petite fraise sur fraiseuse, cette dernière solution qui sera appliquée ici. On perce donc sur une épaisseur très faible (un tout petit peu plus que celle du ruban) pour faire sauter le point de soudure situé entre les deux faces du ruban.

On voit bien ici les deux trous ainsi réalisés.

Il faut ensuite grater le vernis devenu cassant avec les années, puis recoller avec des cales la plaque de fixation, mettre en place le ruban après application d'un vernis spécial (capable detenir à la chaleur en particulier). Ensuite on sert le ruban avec des serre-joints.

Une fois que la colle et le vernis ont pris on fait deux nouveaux points de soudure (cerclés en rouge) puis on remet du vernis.

Dans le cas présent il faut aussi remettre un cerclage supportant le sigle ADCOM avec là aussi du vernis pour éviter des vibrations intempestives.

L'appareil fini avec les deux transfos en place.

5°) Essais :

les essais ont été réalisés avec une générateur moins bon qu'habituellement : le Marconi TF2005R à la place du générateur intégré au Picoscope 4262, il n'était en effet pas possible d'utiliser le Picoscope puisque la masse est commune entre le GBF incorporé et les entrées oscilloscope, or le GFA-535 II ne doit pas avoir la masse sortie reliée à la masse entrée...

Les résultats sont les suivants :

a) DHT et SNR (50W / 8ohms) :

- à 1kHz : 0,042%

- à 5kHz : 0,035%

- à 10kHz : 0,035%

- à 20kHz : 0,038%

Tous ces réusltats sont au-dessus des valeurs données par ADCOM d'un facteur environ 3... il est difficile d'en donner la cause, peut-être le GBF Marconi. Quoiqu'il en soit on est très en dessous du seuil perceptible par une bonne oreille humaine (0,5%).

Spectres associés :

b) Bruit résiduel :

150µV, c'est très bon.

Spectre associé :

c) DIM (SMPTE) :

0,040% à 25W, on est tout à fait dans l'intervalle donné par ADCOM.

Spectre associé :

c) Slewrate :

ADCOM donne 42V/2,2µs sur un carré de 70V (la mseure est donnée à 20-80%), soit 19V/µs

Le Picoscope donne 2,55V/µs (également sur 20-80%). D'où vient une telle différence? Le test ADCOM est fait avec un carré 5kHz de 70V, ma chaîne de mesure ne me permet pas pour l'instant d'obtenir un carré aussi rapide, de plus on est aux limites acceptables de l'ampli (ADCOM précise bien qu'il ne faut pas dépasser 5kHz en carré lors de cette mesure) ; j'ai donc préféré faire une approximation sur un sinus de 15kHz à 56Vpp. Le slewrate mini à cette fréquence pour un sinus de 56Vpp est de 2 x Pi x 28 x 15.000 = 2,64V/µs, on est tout à fait correct.

Spectre associé :

6°) Bilan :

très bon appareil, très sobre, très bonne qualité de fabrication, un schéma bien fait et qui donne de très bon résultats. On peut regretter l'absence de protection des enceintes, c'est à peu près tout.

7°) Statut :

restitué à son propriétaire.